Dans l'œil du cyclone - Questions existentielles #1

Dans l'œil du cyclone

Retrouvez dans cette rubrique les questions existentielles auxquelles se trouve confronté L'Œil, sous un format bi-semestriel rapporté à une présentation mensuelle étendue sur deux mois pour d’évidentes raisons de lisibilité disruptive.

 

- L'Œil (nouvelle bio) -

Originaire du Larzac, Marcel Dupont, alias L'Œil, même s'il ne s'appelle pas vraiment Marcel Dupont en dépit du fait qu'il possède un œil beaucoup plus gros que l'autre, aurait pu aisément faire l'ENA afin d'entamer une brillante carrière politique - ou d'animateur TV. Au lieu de cela, il suivit une formation de chapelier-poissonnier et tient actuellement un bureau de change dans le petit village de Villefranche-sur-Blère. Entre deux conversions de devises pour des touristes chinois, il aime écrire des textes ironiques ou absurdes en rapport avec ce monde ainsi que des récits d'anticipation qui finissent tous très mal. Il se pose aussi beaucoup de questions.

 

Voici les dix questions existentielles que se pose l’auteur en ce moment :

 

1/ Si je fonde une religion rétrograde, raciste, terroriste et donc – fatalement – antirépublicaine, pourrai-je moi aussi bénéficier de l’aide de l’Observatoire de la laïcité pour lutter contre la stigmatisation de ma communauté ?

 

2/ Si je vi dan 1 zone blanche et ke, fôte de kapter la 4G, je sui condané à réfléchir en tranpan un petit beur dans mon chocola noir ou en buvan un ver de gris, sui-je forcémen raciste ? (il y a peu tetre des fôtes d’ortogafe, car je nez eu que 25/20 au bac 7 ané avec félissitassions du juri)

(Chiffres de l’Éducation nationale : le taux de réussite au bac cette année a été de 160 % grâce aux épreuves à distance.)

 

3/ Si la France a fait libérer 200 djihadistes au Sahel (en laissant le Mali en endosser toute la responsabilité), est-ce parce qu’il y en a enfin suffisamment sur notre territoire et qu’elle peut se permettre de stopper l’appel à candidatures ou est-ce parce que Mediapart veut les recruter comme futurs journalistes chargés de défendre la liberté d’expression ?

 

4/ Où le président de la République pense-t-il avoir obtenu le pouvoir de tout résoudre par sa seule parole ? En forêt de Brocéliande ? A la cathédrale de Reims ? A Lourdes ? Sur l’Olympe ? Ou en regardant ses super-héros préférés dans le Club Dorothée ?

 

5/ Si la République favorise les communautés antirépublicaines, ne peut-on envisager une dictature qui favorise les communautés républicaines ?

 

6/ Les chances que les filles et petites-filles d’un homme de gauche actuel ne soient ni violées ni voilées dans quelques années sont-elles vraiment moindres ?

(La notion d’homme de gauche ne doit susciter ici aucun malentendu. J’utilise ici le genre non marqué pour désigner toute personne de gauche, qu’il s’agisse d’un homme ou d’une femme. Je ne voudrais en aucun cas oublier les féministes de notre pays et donner l’impression que je puisse faire preuve de sexisme en écrivant ces quelques lignes. Je tiens donc à préciser solennellement que les femmes de gauche sont tout autant concernées par cette petite question que les hommes !)

 

7/ Pourquoi parle-t-on désormais de la Covid-19 ? Pour reconnaître aux femmes la capacité et le droit de tuer en aussi grand nombre que les hommes au nom de l’égalité hommes-femmes ?

 

8/ Si, pendant le confinement, je fais courageusement la guerre au Covid-19 depuis mon canapé, une canette de bière à la main, en regardant Cons Lambda sur QI0 (comme ne le faisaient certainement pas nos ancêtres il y a un siècle dans leurs tranchées), pourrai-je aller m’entasser avec tous les autres sur les plages de France pour propager à nouveau le virus en toute légalité cet été ?

Ah, pardon ! Cette question arrive trop tardivement… Enfin, non, pas tant que ça… Il suffit de l’inverser pour pouvoir l’appliquer aux vacances de la Toussaint.

 

9/ Vaut-il mieux massacrer au nom d’une religion que soutient inconditionnellement l’immense gauche consanguine (d’aucuns diraient collabo) ou se faire massacrer en défendant les valeurs de la République que devrait théoriquement soutenir Acquitator ?

 

10/ Si je suis un islamiste, marié à cinq femmes résidant dans cinq métropoles différentes et déclarées à la CAF comme mères élevant seules cinq enfants, et que je souhaite soutenir la communauté LGBT, puis-je imposer à mes épouses le port d’un niqab aux couleurs de l’arc-en-ciel ? Qu’en pense Libération ?

 

11/ Si je me muscle correctement les jambes afin de pouvoir rendre régulièrement un dernier hommage solennel à chaque héros de la République que l’on aura laissé mourir bien seul au front en me levant courageusement de mon banc puis en me rasseyant tout aussi courageusement au bout d’une minute, pourrai-je faire un bon député ?

 

12/ Puisque l’on sait de source sûre que ni les joggeurs ni les cyclistes ne peuvent transmettre ni être contaminés par le Covid et que pour cette raison il n’est pas nécessaire pour eux de porter un masque, puis-je faire du jogging sur place dans les transports en commun pour ne plus avoir à en porter ?

 

13/ Moi qui ne prends jamais les transports en commun après 21h afin de rester en vie, mais qui les prends quand ils sont toujours bondés pour aller travailler, simplement doté d’un maigre masque et d’une foi soudaine en Dieu, suis-je bien protégé par le couvre-feu ?

 

14/ Dans ma région, il est interdit d’arroser son jardin ou de nettoyer sa voiture entre 9h et 19h à cause de la sécheresse et il est interdit de sortir entre 21h et 6h du matin à cause du couvre-feu. Mais ai-je encore le droit de baiser ma femme – avec son libre consentement – entre 23h et 5h du matin ? Faut-il une attestation dérogatoire ?

(Heureusement pour nous, BFMTV, la chaîne qui prend toutes les libertés, restera toujours accessible – et même recommandée – 24h/24, quoi qu’il advienne…)

 

Je sais. Mes dix questions existentielles sont au nombre de quatorze. Voilà une incohérence qui ne risquera pas de choquer les énarques et les gauchistes à la manœuvre en ce moment…