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6 avril 2020

Pollution

Toutes les heures, des membres du mouvement écologique White Spirit quittent leur centre situé à quelques mètres du bord de mer afin de longer la plage sur plusieurs kilomètres. Notre journaliste a accompagné ces membres au cours d’une de leurs nombreuses sorties et a cherché à en savoir plus auprès du chef de l’équipe :

– Quel est votre rôle exactement ?

– En tant que membres actifs du mouvement écologique White Spirit, mouvement essentiellement tourné vers la mer comme vous le savez, notre rôle consiste à surveiller les plages du littoral afin de venir en aide aux nombreuses espèces marines venant s’échouer anormalement sur le sable…

– Quelles sont les causes de ce phénomène qui, je crois, est de plus en plus   important ?

– Principalement la pollution qui facilite chez ces espèces l’apparition de nombreuses maladies et de blessures qui les affaiblissent au point de ne plus pouvoir affronter les courants parfois très forts au large de nos côtes, ce qui les amène à s’échouer sur nos plages.

– Votre rôle est donc essentiel…

– Oui, il consiste à agir le plus rapidement possible en sillonnant régulièrement nos plages pour essayer de sauver de la mort le plus grand nombre d’individus au sein d’une même espèce. Parfois, et malheureusement de plus en plus fréquemment, la survie de l’espèce au complet en dépend !

– Êtes-vous optimiste pour les années à venir ?

– Non ! Sous l’influence de la toute puissante A.D.C.I., l’Association pour le Développement du Commerce Immoral, qui ne considère les mers et les océans que comme une décharge industrielle géante ou comme un moyen de transport pratique et bon marché des M.I.C.B.H., les Marchandises Inutiles dont ont Cruellement Besoin les Hommes, la protection de la faune et de la flore marines n’a jamais été une priorité et ce, au niveau mondial. La situation, associée à la surexploitation des ressources océaniques par tous les peuples de la planète, ne peut qu’empirer.

– C’est plutôt inquiétant !

– Assurément. Oh ! Regardez là-bas. En voilà un qui vient juste de s’échouer ! Vite ! Au boulot tout le monde !

– Bigre ! C’est un sacré spécimen !

– Oui, mais vous avez vu dans quel état il se trouve ? Il a des plaies partout sur son corps, la couleur de sa peau est anormale et sa texture n’est pas aussi lisse que d’ordinaire. Il est très mal en point.

– Qu’allez-vous faire ?

– Nous allons le transporter au centre sur ce brancard spécial nous permettant de continuer à l’hydrater avec de l’eau pure pour le maintenir en vie et déjà commencer à nettoyer ses plaies. Parfois, le transport seul peut leur coûter la vie. Ce brancard adapté à notre travail nous a permis d’en sauver plus d’un !

– Et ensuite ?

– Une fois de retour au centre, nous allons le placer dans un bassin où l’eau est parfaitement filtrée afin qu’il puisse être soigné par nos équipes vétérinaires constamment sur place et qu’il puisse ensuite récupérer dans de bonnes conditions. Cela devrait prendre deux à trois mois pour qu’il retrouve une parfaite santé.

– C’est plutôt long comme traitement, non ?

– C’est malheureusement nécessaire pour qu’il ait le temps de reconstituer ses réserves naturelles et de renforcer son système immunitaire. Si nous le relâchions plus tôt, il serait condamné à coup sûr !

– Au bout de trois mois vous le relâchez donc en mer ?

– Oui, c’est toujours une opération spectaculaire et émouvante. Nous le faisons systématiquement au-delà de la barrière d’épaves de supertankers qui constitue, comme vous le savez, un récif naturel tout le long de nos côtes à une centaine de mètres seulement de nos plages. En les libérant au niveau des grands fonds, nous cherchons à leur offrir les meilleures chances de survie possibles…

– Et sont-ils définitivement tirés d’affaire ?

– Ils ne le sont jamais ! Notre action se situe sur le court terme uniquement puisque nous ne faisons que soigner et relâcher en pleine mer les spécimens malades ou blessés. Nous ne diminuons pas les taux faramineux des divers polluants qui empoisonnent les océans, nous n’en avons malheureusement pas le pouvoir ! Il est donc tout à fait possible que ce baigneur de quarante ans que nous venons tout juste de recueillir puisse malgré tout mourir de cette terrible pollution dans les mois qui suivront sa remise en liberté, en dépit du séjour de soins intensifs passé dans l’un des bassins de notre centre.

– Merci pour toutes ces précisions et bon courage !

– Merci à vous !

 

Comme vous avez pu le constater, chers téléspectateurs, le combat du mouvement écologique White Spirit est loin d’être terminé. Les chiffres officiels parlent d’eux-mêmes : tous les ans, ce sont près de quatre cent mille baigneurs qui viennent périr sur les côtes françaises à cause de la très haute toxicité de nos océans et plus de mille fois ce chiffre au niveau mondial. La gravité du phénomène est telle que l’ONU vient de proposer l’organisation d’un sommet extraordinaire afin d’aborder la question de l’impact économique de ce problème, s’il y en a bien un, et de trouver, le cas échéant, une solution permettant à la communauté internationale de masquer le problème de façon efficace.

C’était un reportage d’Éric Érosène et de Sylvie Triol pour le magazine Mercure sur France 12.

 

© 2008 L'Œil

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