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L’ŒIL
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6 avril 2020

Balade champêtre

Ah ! se promener en pleine nature et s’y ressourcer, loin de la fureur de nos villes sans ciel et de nos complexes industriels !

Je pars me perdre dans les bois, aux couleurs étrangement rousses, cueillir quelques champignons atomiques pour mon prochain repas hypocalorique.

Je m’attarde, rêveur, dans chaque clairière pour m’imprégner avec bonheur de radiations solaires.

Je gravis des collines et m’arrête à chaque sommet pour y respirer une grande bouffée d’oxygène, bizarrement cancérigène… J’aime vraiment me gorger de cet ozone issu des villes, à la dérive dans l’air, et qui pourtant manque tant dans la stratosphère.

J’emprunte, le cœur léger, maints chemins de terre isolés, sentiers brûlés aux poussières vives puisque radioactives… Je découvre alors sur leurs bords une faune et une flore extraordinaires qui jamais ne figurent dans nos manuels scolaires… Il faut sortir si l’on veut mûrir !

Je marche d’un pas énergique à travers d’immenses champs de maïs transgénique puis contourne soigneusement un élevage de poulets « biologiques », véritable camp retranché sous haute sécurité. C’est que, voyez-vous, la filière aviaire a récemment pris du plomb dans l’aile, à l’exception peut-être de la branche industrielle, plus fertile en volailles volatiles : trois cuisses par tête, de quoi en faire une fête !

Je parle de plomb dans l’aile et cela me rappelle que, sans eau et sous un soleil de plomb, la santé bat de l’aile… Je me désaltère alors à la rivière et me régale de cette eau plus ou moins claire. Un bon plein de plomb pour cet entracte aux arômes de nitrates et de sulfates… Quant au mercure présent dans cette eau pure, je n’en ai  cure !

Je reprends alors ma route, l’estomac certes un peu lourd, mais l’esprit dénué du moindre doute.

Au loin, le temps menace. Les nuages s’accumulent et me font presque face. Je sens venir les pluies acides, l’odeur forte de la terre humide imprégnée d’insecticides… Je vais pouvoir chanter sous la pluie, comme Gene Kelly !

Toujours aussi jovial, je poursuis ma promenade du côté du littoral. Entre deux barres de béton estivales, j’entrevois parfois la mer, ses reflets de verre et ses nappes pétrolifères… Je vois très peu d’écume sur la plage. Je préfère pour ma part celle des étangs, bien plus mousseuse, avec laquelle je m’amuse tant !

Après avoir rempli mes poumons du bon air du carbonifère, je m’éloigne de la mer et replonge, curieux, dans un bois mystérieux. J’aperçois bien vite dans un creux un soulier abandonné, troué, souillé et vieux, et je m’imagine d’un coup détenir les Bottes de Sept Lieues. Curieuse pensée, mais excellente idée ! À grandes enjambées, j’évite ainsi canettes et papier toilette !

Je réalise alors que le soir est en train de tomber et qu’avec l’obscurité, il me faut songer à rentrer, mais qu’importe ! ce fut une belle journée !

Ah ! se promener en pleine nature et s’y ressourcer, loin de la fureur de nos villes sans ciel et de nos complexes industriels !

Vous aussi devriez m’imiter ! Et si vous craignez de vous perdre, surtout pas de panique ! Faites comme le Petit Poucet et suivez les sacs plastiques.

 

© 2008 L'Œil

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