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1 avril 2020

Un choix divin

Un choix divin

 

Assis à une terrasse de café bien ensoleillée, Dieu1 regardait distraitement les spirales laiteuses qui se formaient à la surface de son chocolat chaud. Il était ennuyé. Il avait un choix à faire et ne parvenait pas à se décider. Pour que Dieu se retrouvât dans une situation aussi délicate, il fallait que la chose fût grave. Et elle l’était, assurément. Il s’agissait de la survie même de l’humanité. Rien de moins.

Ce n’était évidemment pas la première fois que ce problème se posait. Tout avait commencé longtemps auparavant quand Dieu avait engendré par mégarde l’univers. La crève tenace dont il ne parvenait pas à se défaire à l’époque l’avait fait éternuer si fort qu’un mélange peu ragoûtant de morve et de postillons avait été expulsé autour de lui avec une prodigieuse énergie. Bien plus tard, on nomma cela le Big Bang.

Sur le coup, Dieu avait été tenté de nettoyer sans tarder ces projections glaireuses afin d’éviter toute forme de contagion. Mais la crève qu’il tenait alors était si épuisante qu’il avait décidé de reporter cette corvée ad vitam aeternam – ou presque – pour mieux se soigner. Il avait laissé la situation pourrir pendant plusieurs milliards d’années jusqu’au jour où il était retombé par hasard sur cette création accidentelle. Surpris du résultat, il s’y était intéressé et avait même réalisé d’étranges expérimentations sur une petite planète bleue dans une région paumée d’une galaxie tout à fait anecdotique.

Un jour, à l’occasion d’une longue promenade sur cette planète insolite, promenade qui l’avait conduit au cœur de la savane, il avait trébuché sur une pierre qu’il n’avait pas remarquée et s’était royalement cassé la gueule. Il avait juré tellement fort à la suite de ce vilain gadin que les primates du coin, qui vaquaient à leurs activités quotidiennes à quatre pattes, s’étaient brutalement redressés pour tenter de savoir ce qui s’était produit. Les premiers hominidés étaient nés.

On dit même que Dieu, en se relevant péniblement de cette inénarrable gamelle et en découvrant tous ces primates debout autour de lui, se serait alors exclamé : « Oh, merde ! Qu’est-ce que j’ai encore fait ! » Car les jurons de Dieu – tout comme ses postillons – provoquaient des choses étranges que lui-même, du reste, avait souvent bien du mal à contrôler.

Par ailleurs, il ne faisait aucun doute que cette exclamation devait être considérée comme la première manifestation du Verbe, de fait bien antérieure à ce que certains écrits pouvaient affirmer.

Dieu avait alors suivi l’évolution de ces hominidés jusqu’à les voir atteindre leur morphologie actuelle. Et depuis l’apparition de l’Homo Sapiens Sapiens, Dieu était ennuyé. Car en dépit du nom savant que cette espèce s’était elle-même donné, Dieu trouvait l’Homme très con. Et visiblement, le temps n’améliorait pas les choses.

Une première fois déjà, il avait voulu faire place nette et avait déclenché le Déluge. Malheureusement, un petit malin du nom de Noé avait réussi à s’en sortir et tout avait recommencé de plus belle.

Pourtant, avec le temps, Dieu avait fini – bien malgré lui – par s’attacher à l’espèce humaine, ce qui l’empêchait désormais de décider l’éradication complète de cette curiosité zoologique. Cette inflexion affective des plus surprenantes le confrontait à un problème difficile à résoudre puisque, malgré son attachement à cette espèce, Dieu était forcé de constater qu’elle était indécrottable : l’Homme était con ; c’était une caractéristique intrinsèque et spontanée et il en serait toujours ainsi.

Face à une connerie aussi exaspérante, que fallait-il faire ? Cette question taraudait tellement Dieu qu’il était descendu sur Terre pour boire un chocolat chaud. Quand quelque chose n’allait pas, Dieu buvait toujours un chocolat chaud.

En fait, il détestait le chocolat chaud, car le lait lui donnait d’horribles crampes d’estomac, mais curieusement, cela l’aidait à réfléchir et à prendre les décisions qui s’imposaient. Certes, les crampes d’estomac le rendaient souvent irritable, ce qui le poussait à prendre de mauvaises décisions. Toutefois, ces dernières, bien qu’étant désastreuses, n’en restaient pas moins divines et avaient toujours le mérite d’être effectives à défaut d’être efficaces.

Perdu dans ses pensées, Dieu étudiait de nombreuses possibilités. Hypnotisé par la voie lactée de son chocolat chaud, il conjuguait l’infini avec le probable, le neutron avec le quasar, le passé avec le futur, le présent avec la glu, la raie avec le string – car Dieu aussi se laissait parfois distraire et finissait souvent par s’endormir au milieu de ses innombrables réflexions – dans l’espoir qu’une idée géniale vînt le sortir de cette impasse. Dieu conjugua longtemps de la sorte, mais comme aucune idée géniale ne vint à son secours, il décida finalement de lire les journaux du monde entier.

Comme d’habitude, on parlait beaucoup de lui. C’était une chose étrange d’ailleurs, car il ne s’était jamais présenté aux hommes en tant que Dieu et n’était plus intervenu dans leurs affaires depuis fort longtemps. De temps à autre, il se contentait de prendre forme humaine – sans jamais préciser sa véritable identité – afin d’évoluer parmi eux pour mieux les observer. Et sans cesse Dieu s’étonnait de cette propension toute particulière qu’avaient les hommes à parler, à exiger, à imposer et à tuer en son nom, lui qui ne disait et ne demandait jamais rien. Les hommes eux-mêmes le disaient Amour et Miséricorde. De leur point de vue, seul celui qui déborderait le plus d’amour et de miséricorde l’emporterait. Ceci impliquait une grande concurrence. Il fallait donc beaucoup de prophètes, de religions et de doctrines destinées à prouver que les autres avaient tort, que ces derniers étaient moins bons et moins miséricordieux que les détenteurs de la véritable Vérité et, pour cela, il fallait beaucoup tuer. Ce monde croulait tellement sous les dogmes que Dieu lui-même se mélangeait souvent les pinceaux. De temps en temps, il lui arrivait de reprendre un ou deux cours de catéchisme pour rafraîchir sa mémoire à propos des nombreux prophètes qu’il était censé avoir désignés autrefois. De fait, les caricatures qu’il pouvait lire à ce sujet – ou même celles qui le concernaient directement – le faisaient toujours beaucoup rire. Paradoxalement, il se sentait plus proche de ceux qui ne croyaient pas en lui que de ceux qui ne juraient que par lui. D’ailleurs, il trouvait les efforts acharnés de ces derniers d’autant plus risibles qu’il avait toujours eu la flemme de créer le Paradis. Il ne niait pas que ce fût une belle idée, mais pourquoi l’aurait-il concrétisée ? Il n’aurait trouvé personne pour le remplir. Et comme les hommes tuaient déjà beaucoup pour atteindre un Paradis qui n’existait pas, il n’était pas question d’en créer un pour les inciter à faire preuve d’un plus grand zèle.

Indubitablement, l’Homme laissait Dieu perplexe. Perplexe et embarrassé. Car depuis quelque temps, l’Homme connaissait une croissance exponentielle de sa propre bêtise qui menaçait directement toute la planète. Dieu devait-il intervenir ? Là était la question. Et visiblement, la réponse ne se trouvait pas dans les figures abstraites que composait son chocolat désormais froid.

Comme il y avait urgence, Dieu décida de recourir à l’une de ses méthodes d’évaluation favorites : le sondage. C’était une méthode qu’il avait souvent employée tout au long de l’Histoire chaque fois qu’une civilisation majeure avait amorcé son inéluctable déclin. Cela lui permettait de déterminer la meilleure attitude à adopter.

Évidemment, les sondages de Dieu n’étaient en rien comparables à ceux que les hommes effectuaient régulièrement par le biais d’organismes obscurs pour formater l’opinion publique sur tout et n’importe quoi. Dieu ne posait jamais de questions du genre : « Êtes-vous plutôt favorable au candidat de l’extrême centre ou très favorable ? » De plus, les résultats qu’il obtenait étaient toujours fiables, contrairement à ceux que trituraient les hommes, lesquels voyaient régulièrement apparaître des situations où, par exemple, le candidat A recueillait 56 % d’intentions de vote, le candidat B, 55 % et le candidat C, 58 %, ce qui illustrait généralement deux problèmes majeurs, souvent combinés : premièrement, les hommes ne savaient pas compter ; deuxièmement, ils peinaient à comprendre qu’ils ne pouvaient voter que pour un seul candidat. Les sondages de la vie quotidienne, du style : « Quel temps fera-t-il hier ? Oui : 48 % - Non : 52 % », se passaient quant à eux de tout commentaire.

Ces seuls constats auraient suffi à convaincre plus d’une personne de désespérer de l’espèce humaine, mais Dieu n’aimait pas porter de jugement hâtif, même dans le cas d’une espèce aussi démoralisante que l’espèce humaine, ce qui le poussait à effectuer chaque sondage avec la plus extrême rigueur. La chose était tellement vraie qu’il n’avait jamais besoin d’établir une marge d’erreur pour ses résultats. Car Dieu ne se trompait pas. Il était maladroit, distrait, rêveur, émotif, lunatique, imprévisible et se gourait souvent dans ses choix, mais quand il s’agissait d’une évaluation, il ne se trompait pas. Quand on est Dieu, on peut tout se permettre, même les plus étranges paradoxes.

Pour les hommes, en revanche, la marge d’erreur était toujours problématique : la campagne sanglante qui faisait généralement suite aux résultats du sondage électoral cité plus haut contribuait autant à réduire le nombre de vainqueurs potentiels que la certitude d’une issue sereine. Le cas le plus simple était bien évidemment celui où un seul candidat restait officiellement en lice. Les sondages, très sûrs d’eux, lui accordaient alors 180 % des intentions de vote et le problème de la marge d’erreur était évité de justesse. Dans le cas où deux candidats continuaient à s’affronter coûte que coûte, la situation s’avérait plus délicate, car si le candidat A était donné vainqueur avec 52 % des voix et une marge d’erreur de plus ou moins 20 %, cela voulait dire que le candidat B pouvait lui aussi finir vainqueur. Et inversement. Dès lors, le processus démocratique se poursuivait généralement – et de façon tout à fait naturelle – par une longue guerre civile. Ceci présentait l’indéniable avantage d’éviter la tenue d’élections très coûteuses par la suite – la fraude n’étant jamais gratuite – qui auraient de toute façon abouti au même résultat.

Non sans regret, car cela nécessitait un certain effort, Dieu quitta donc la terrasse ensoleillée où il avait tant réfléchi pour partir à la rencontre de quelques personnes – deux ou trois milliards sans doute – afin de constituer un panel représentatif de l’espèce humaine pour le sondage qu’il avait décidé d’effectuer.

De prime abord, il ne semble guère aisé d’imaginer Dieu impeccablement vêtu de son costume trois pièces d’un blanc immaculé interrogeant méticuleusement les badauds dans le cadre de ce sondage hors norme. Mais il s’agissait de Dieu. Tout était possible. Tout se passait donc à merveille. Les gens s’arrêtaient naturellement devant lui et l’écoutaient avec la plus grande attention. Du reste, Dieu n’avait jamais besoin de se présenter : son aura unique subjuguait tout le monde et lui permettait d’emporter d’emblée l’adhésion de tous ses interlocuteurs. Et personne ne se posait la moindre question quant à la nature de ce sondage et de ses caractéristiques particulières. Pourquoi en aurait-il été autrement ? Les hommes n’avaient pas la réputation de se poser beaucoup de questions et si cela se produisait malgré tout, ce n’étaient généralement pas les bonnes.

Pour sonder l’âme humaine, Dieu avait une méthode bien éprouvée : il faisait naître une flamme magique dans la paume de la main de chaque badaud qu’il interrogeait et leur proposait un choix.

– Observez bien cette flamme aux couleurs fascinantes que je viens de vous offrir, disait-il d’un air grave. Sentez-vous sa puissance ? Sentez-vous son pouvoir irriguer votre main, votre bras, votre corps tout entier ? Sentez-vous les vibrations qui l’accompagnent ? N’avez-vous pas l’impression que tout devient possible, que le monde entier peut vous obéir, que le cours de l’Histoire peut être infléchi par votre seule volonté ? Cette flamme, voyez-vous, recèle un pouvoir incommensurable. Si vous décidez de refermer votre main sur cette flamme, vous l’absorberez complètement et son pouvoir coulera en vous. Grâce à ce pouvoir, vous pourrez changer la société en profondeur et permettre aux milliards d’habitants qui peupleront le monde dans quarante ans de ne pas se déchirer sur une planète morte, vidée de toutes ses ressources. Vous ne verrez pas cette nouvelle ère de vos propres yeux, car vous serez mort bien avant, mais vos enfants en seront les témoins et leurs enfants après, pour de nombreuses générations à venir. Nul ne saura que le monde aura été sauvé par vous, mais son équilibre sera assuré pour plusieurs millénaires. Ou bien… vous pourrez vous offrir une vie personnelle pleine de succès : votre réussite sur les plans professionnel, sentimental, familial – et sexuel bien sûr ! – sera incomparable, édifiante au point que vous laisserez votre nom dans l’Histoire, tout du moins tant que l’homme peuplera cette planète. Ce pouvoir est à vous. Je vous le donne. De ces deux possibilités, laquelle choisissez-vous ?

Curieusement, l’intérêt des personnes sondées se démultipliait brusquement dès que Dieu faisait surgir la flamme dans leur main et qu’il prononçait le mot pouvoir. Les sensations que cette flamme procurait étaient si grisantes que nul ne mettait la parole de Dieu en doute, pas même les athées, ce qui prouvait bien que sur certains sujets, les hommes pouvaient être du même avis. Et quand Dieu leur demandait quel était leur choix, tous sans exception annonçaient solennellement leur volonté de changer le monde, mais ils le faisaient toujours avant d’avoir refermé leur main. Dieu les félicitait alors le plus chaleureusement du monde et les laissait poursuivre leur chemin.

En vérité, Dieu était surtout intéressé par la réaction que ces personnes pouvaient avoir dès qu’elles lui avaient tourné le dos. Et cela n’était pas bien difficile, puisque Dieu pouvait tout voir et tout savoir. Certains affichaient alors un rictus inquiétant, tandis que d’autres semblaient tiraillés par un cas de conscience qui absorbait toute leur attention. D’ailleurs, il arrivait de temps en à autre que l’un d’entre eux se fît distraitement écraser par un camion juste après avoir quitté Dieu tant était grande la fascination que cette flamme et son pouvoir suscitaient. Mais la plupart du temps, Dieu ne laissait une telle chose se produire que s’il s’agissait d’un infâme salopard.

Grâce à son don d’ubiquité, Dieu réalisa ce sondage avec une rapidité déconcertante, d’autant plus que les réactions des hommes étaient assez prévisibles. Une fois seulement, Dieu avait été surpris de l’attitude de son interlocuteur : il s'agissait d'un vieillard qui, pour toute réponse à son offre, avait demandé à Dieu quelle était la meilleure pommade pour soigner ses hémorroïdes. Dieu, plus que jamais perspicace, avait alors mis cette réaction sur le compte d’une certaine surdité – et peut-être d’un début de sénilité – et ne l’avait donc pas comptabilisée dans ses statistiques. C’était un choix très pertinent.

D’aucuns pourraient penser dans cette histoire que Dieu jouait gros en confiant ainsi un tel pouvoir à n’importe qui, mais il n’en était rien. Tout ceci n’était qu’une illusion destinée à remuer les désirs enfouis de l’âme humaine. L’illusion durait tant que la personne interrogée n’avait pas effectué son choix, après quoi cette personne oubliait tout de cette rencontre pour ne laisser ni déception, ni rage, ni folie dans son esprit, indispensable précaution quand on s’adresse à une espèce aussi influençable. Mais si le pouvoir était illusoire, le choix, lui, était bien réel et des plus révélateurs.

Le résultat de cette enquête sans commune mesure fut affligeant : deux tiers des personnes interrogées n’avaient pas choisi d’offrir au monde un avenir valable. En vérité, Dieu ne fut pas surpris de ce chiffre. Chaque fois qu’il avait effectué un sondage de ce genre pour chaque grande civilisation du passé, il avait toujours obtenu le même résultat. Avec cette nouvelle enquête, il avait mis en évidence que rien n’était différent à l’échelle mondiale. Les époques, les milieux, les origines, les connaissances n’y changeaient rien. L’inhumanité était une constante de l’humanité. Une constante inaltérable et largement majoritaire.

Dieu avait beau s’être préparé à retrouver le même résultat qu’à chaque enquête passée, il n’en fut pas moins démoralisé. Très affecté par la portée mondiale de ce sondage, Dieu fut une fois de plus forcé de prendre la décision qu’il avait souvent prise par le passé à l’encontre de grandes civilisations à l’agonie : il n’aiderait pas les hommes à s’en sortir. Il leur abandonnait leur avenir, si court fût-il, et ne déciderait de leur venir en aide que si un sursaut de noblesse d’âme, de solidarité désintéressée, les poussait à faire enfin preuve d’un peu plus de maturité.

Accablé par cette décision, Dieu décida de noyer son chagrin dans l’oubli et échoua dans un bar interlope d’une ville sans âme où il se prit la cuite du millénaire.

Dans l’euphorie de l’ivresse aux courbes envoûtantes, Dieu voulut réfléchir très sérieusement à l’avenir de cette planète après l’Homme. Il se dit qu’il devrait tout d’abord la régénérer dans son intégralité vu l’état dans lequel les hommes laissent d’ordinaire un lieu public en le quittant. Même bourré, Dieu n’avait pas tort. Ses idées étaient juste un peu plus lentes que d’habitude. Pour le reste, bien des possibilités s’offraient à lui pour relancer le cycle de l’évolution sur cette planète. Dieu divagua longtemps sur ce point, mais à ce stade de sa réflexion, il était tellement rond que plus personne autour de lui ne pouvait comprendre ce qu’il disait. Quelques poivrots l’entendirent néanmoins marmonner les mots « mammifères marins » et « joueurs », mais comme ceux-ci étaient eux aussi bien éméchés, nul ne put dire avec certitude de qui émanaient vraiment de telles bribes d’idées. Mais peut-être était-il effectivement temps de considérer l’avènement du dauphin sur Terre…  

 

1. Ou quel que soit le nom qu’on lui donne à travers les âges et selon les régions : Zeus, Odin, Yahvé, Allah, Lloyd Blankfein…

 

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