Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
L’ŒIL
L’ŒIL
Publicité
L’ŒIL
Archives
Newsletter
6 avril 2020

Féminismes

Elles sont toutes là, marchant en rangs serrés au rythme des tambours et des flûtes, déterminées, inflexibles.

Avenue Foch, une procession de conservatrices prudes plus ou moins bigotes - ou très voilées -, étrangement alliées à des « intellectuelles » idéalistes coupées de la réalité, avance. Ces femmes, qui se disent féministes, défilent avec la ferme intention d’imposer à toutes les femmes du monde leur propre conception rigide du rôle et de la place de la femme dans la société, le choix d’une ligne de conduite unique étant pour elles la seule solution acceptable.

Avenue de Wagram, une enfilade d’actrices X et de « performeuses » en tous genres avance. Ces femmes, qui se disent féministes, défilent avec la ferme intention de revendiquer la possession et la maîtrise totales de leur corps en oubliant soigneusement l’image d’objet sexuel parfait qu’elles propagent et attisent ainsi avec force dans toutes les consciences masculines au point d’en faire une référence perverse. Il faudrait évidemment repenser cette image de façon plus sensuelle, plus spirituelle et plus raffinée, en faisant exploser les codes réducteurs de ce milieu, mais ceci relèverait alors de l’art et non d’une forme de plaisir égoïste et lucratif.

Avenue des Champs-Élysées, un attroupement monstrueux de femmes en quête de leur indépendance financière avance. Ces femmes, qui se disent féministes, défilent avec la ferme conviction qu’il s’agit là du but véritable de leur existence, qu’elles doivent – et peuvent – se passer des hommes au point de se retirer progressivement dans des sphères uniquement réservées aux femmes, de ne plus vouloir s’engager pour ne pas avoir à chercher à comprendre l’autre et ne pas risquer de souffrir elles-mêmes, ou d’exiger l’Homme Idéal pour daigner entreprendre quelque chose, au risque de finir par crever de solitude et d’amertume.

Avenue de la Grande Armée, un bataillon de dominatrices impitoyables, hautaines et rancunières, révoltées par les humiliations séculaires subies par les femmes, mais surtout focalisées sur elles-mêmes, avance. Ces femmes, qui se disent féministes, défilent avec la ferme intention d’inverser enfin les rôles en bâtissant une société gynarchique où les hommes seront à leur tour réduits en esclavage et dépouillés de tous leurs droits, avec une barbarie d’autant plus grande que ces matriarches sadiques chercheront constamment à prouver qu’elles peuvent être aussi terribles que les hommes en allant plus loin qu’eux.

Avenue Marceau, une petite poignée de femmes avance. Ces femmes, qui sont féministes, défilent avec la ferme intention d’expliquer à tous que l’indépendance financière de la femme n’est pas un but en soi, mais seulement une étape, et que l’ultime but du féminisme est une redéfinition complète – et peut-être multiple – des rapports entre hommes et femmes afin qu’ils puissent vivre ensemble, dans le respect de leurs différences, avec le souci constant de réduire autant que possible le gouffre d’incompréhension qui les sépare à la base.

Toutes se dirigent d’un pas vif vers la place de l’Étoile.

La lutte pour le pouvoir sera sans merci.

 

© 2008 L'Œil

Publicité
Publicité
Publicité