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3 avril 2020

FABLE - Le Géant et les Vingt-cinq Nains

Le Géant et les Vingt-cinq Nains

 

Un Géant vivait seul et serein

Sur une vaste et lointaine île;

Il s’y plaisait plutôt bien,

Le coin étant tranquille.

Il savait très certainement

Qu’à l’autre bout de l’Océan

Vingt-cinq Nains épiaient aveuglément (1)

Le moindre de ses mouvements.

De cela, pourtant, il ne se souciait jamais :

Un puissant, souvent, n’a que faire

De ce que pensent vraiment ses valets.

Le Géant, bien au contraire,

Se sentait plutôt flatté

De s’imaginer sur cette Terre

Par tant de monde adulé.

Il était tellement grand

Que tous pouvaient le voir;

Le monde unanimement

Le considérait comme son Phare.

C’était bien plus que de l’admiration :

Chaque geste devait être imité,

Chaque pensée tout de suite acceptée.

Il s’agissait d’une véritable vénération. (2)

Le groupe de Nains, toujours un peu retors,

N’échappait pas à cette fascination,

Mais prétendait toutefois haut et fort

Être à l’abri de toute exagération :

« Notre bon sens, disaient-ils, fait notre union

Et nous assure plus de circonspection ! »

Le jour arriva vite cependant

Où les choses basculèrent brusquement

Lorsque le très insouciant Géant

Se lâcha bien inopinément :

Il « dégaza » si puissamment dans l’air

Qu’on l’entendit à l’autre bout de la Terre !

Un tel pet ne pouvait que posséder toutes les qualités

Dont certains avaient toujours rêvé

Dans l’espoir de se faire remarquer. (3)

Les Nains, au demeurant tous compères,

D’un tel outrage cependant s’offusquèrent.

Pareil acte leur parut si répugnant

Que tous jurèrent dans leur emportement

De ne jamais imiter un tel comportement.

L’incident finit toutefois par choir

Dans les vastes limbes de la mémoire.

Tant et si bien, ô sublime Hasard,

Qu’on retrouva nos Nains un an plus tard,

Fiers d’accomplir en chœur leur devoir

En exhibant leurs beaux et blancs pétards.

Chacun visait ainsi la stratosphère

Au moment où tous se soulagèrent

D’une dense et putride flatulence :

La déflagration fut immense.

Hélas ! Les Nains bien vite déchantèrent

Lorsque d’infects effluves imprégnèrent l’air :

De tous les immondes relents

Issus du vieux pet de l’impétueux Géant,

Aucun n’avait atteint leurs lointaines frontières !

Ils n’avaient donc étudié que l’effet de serre

Sans prendre en compte la qualité de l’air;

Tant et si bien que les Nains s’asphyxièrent.

La morale de cette sombre histoire ?

Bon sens n’est pas synonyme de retard.

 

 

(1) Il n’y en avait que vingt-cinq au moment de l’écriture de ce texte.

 

(2) En vérité, autant de sombres Pigeons

      Qui d’un Corbeau toutes les paroles gobent

      Et ce, quelle que soit la région

      Que l’on puisse désigner sur ce globe !

 

(3) On en tira une bien célèbre phrase

      Qui résume la chose sans emphase…

 

 

C’est ce que l’on nomme une fable dans le vent !

Nul ne saurait dorénavant contester le fait que l’humanité progresse à pets de Géant…

« Un petit pet pour moi, un grand pet pour l’humanité ! »

 

 

© 2008 L'Œil

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